Il a sans doute toujours existé mais il n’a commencé à être décrit qu’à la fin du 19e siècle.
Son installation signale qu’un événement traumatique s’est inscrit d’une manière anormale dans notre mémoire. Au lieu d’être mémorisé sous la forme d’un souvenir autobiographique, que l’on peut raconter au moment où on le décide, qu’on peut même transformer pour l’embellir par exemple, il est mémorisé dans une mémoire traumatique et se retrouve isolé des autres souvenirs. Il est dissocié de la mémoire autobiographique.
Les divers constituants de cet événement sont stockés séparément : images, sons, sensations corporelles, pensées, émotions…Ils ne sont pas intégrés en un souvenir fluide et malléable qui viendrait prendre sa place dans le flux des événements de notre vie. Et ce souvenir traumatique, non intégré, fixé (c’est-à-dire inchangé) et dissocié de notre mémoire habituelle, se répète à travers des cauchemars et des flashbacks. Nous subissons alors l’irruption soudaine, de nuit comme de jour, de certaines composantes de cette mémoire traumatique : des images, des voix, des sensations, des émotions surgissent et nous envahissent, nous laissant impuissants face à ce vécu traumatique que nous vivons comme s’il se produisait réellement.
A cela s’ajoute une hyperréactivité (des sursauts par exemple) et des comportements d’évitement des situations qui rappellent le traumatisme.
On voit clairement comment la souffrance vécue lors du traumatisme se répète et se rejoue, sans modification, et parfois pendant de nombreuses années. L’événement n’est pas intégré.
Des "parties dissociatives" de la personnalité
Ces parties peuvent être schématisées comme des réseaux de neurones ayant acquis des caractéristiques parfois très évoluées.
Elles peuvent contenir des souvenirs traumatiques ou seulement certains de leurs composants (images, sons, sensations corporelles, pensées...).
Dans les situations de trouble dissociatif de l'identité, lorsque la personne a été victime de traumatismes graves et répétés, ces réseaux se manifestent par de véritables traits identitaires différents de ceux de la personne "hôte" (prénom, sexe, vécu, compétences...).
Ces personnalités dissociatives peuvent ainsi avoir des réactions, des sentiments, des pensées, des sensations corporelles et des perceptions très différents.
Toutes ces parties traumatiques sont appelées des "parties émotionnelles".
La partie qui gère le quotidien, qui s'occupe des enfants, qui travaille et qui joue s'appelle "partie apparemment normale de la personnalité". Lorsque la personne souffre d'un trouble dissociatif de l'identité, plusieurs parties s'associent, se relaient pour gérer le quotidien au mieux de leurs compétences respectives.
Ces descriptions sont celles que nous livre la théorie structurelle de la dissociation, particulièrement bien expliquée dans le livre de Onno Van der Hart, Allert Nijenhuis et Kathy Stelle "Le soi hanté", et dans celui de Suzette Boon, Kathy Stelle et Onno Van des Hart "Gérer la dissociation d'origine traumatique". Ce dernier livre est particulièrement destiné aux patients pour travailler avec leurs thérapeutes.
Un modèle pour mieux comprendre et donner des pistes de guérison
Le modèle présenté dans cette vidéo, est tiré du livre d’une psychologue américaine, Janina Fisher, spécialisée dans les troubles dissociatifs et travaillant en collaboration avec des spécialistes tels que Onno Van der Hart.
Cette animation cherche à expliquer d’une manière simple comment cette mémoire traumatique peut nous submerger et déclencher des réactions de protection parfois dangereuses.
Une option thérapeutique intéressante en découle qui redonne à la personne victime la possibilité d’apaiser sa souffrance post-traumatique.
Il suffit de cliquer sur les images qui suivent, ce qui vous permettra de voir immédiatement les deux parties de cette animation.
J’espère qu'elle vous aidera à retrouver confiance dans vos capacités d’auto-guérison !
Et si vous souhaitez obtenir la bande dessinée au format pdf de cette vidéo, il suffit de cliquer ICI et de suivre les instructions.
N’hésitez pas à laisser vos commentaires.
Bibliographie
Healing the fragmented selves of trauma survivors -Overcoming Internal Self-Alienation - Janina Fisher, Editions Routledge
Dépasser la dissociation d'origine traumatique : Soi fragmenté et aliénation interne - Janina Fisher (traduction de Julien Baillet) - Deboeck Superieur
Le soi hanté - Dissociation structurelle et traitement de la traumatisation chronique ; Onno Van des Hart, Ellert Nijenhuis, Kathy Stelle, Editions de boeck
Gérer la dissociation d'origine traumatique - Exercices pratiques pour patients et thérapeutes ; Suzette Boon, Kathy Steele, Onno Van des Hart, Editions de boeck