Category Archives for "Les deuils"

Pertes et deuils associés à la maltraitance de l’enfant

Bonjour,

Les maltraitances que subissent les enfants sont très fréquentes, que ce soit de la violence physique, sexuelle ou émotionnelle, ou de la négligence.

Plus de 3 millions d’enfants, en gros un enfant sur cinq, sont victimes de maltraitance en France chaque année.

Maltraiter un enfant, c’est lui donner ce qu’il ne devrait jamais recevoir, par exemple des coups, de l’humiliation, de actes sexuels. Et le négliger c’est ne pas lui apporter ce qu’il devrait recevoir, c’est à dire de l’amour, de l’attention, du respect.

Évidemment, chaque type de maltraitance n’exclut pas les autres et de nombreux enfants sont victimes de plusieurs sortes d’agression.

Et on sait malheureusement que les séquelles de ces différents traumatismes sont nombreuses, qu’elles soient psychologiques, physiques, sexuelles et même sociales.

La maltraitance est source de pertes non reconnues

Mais on a tendance à oublier que la maltraitance dans l’enfance n’a pas que des conséquences traumatiques.

Car elle est aussi, inévitablement, une expérience de pertes.

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14 octobre 2020

Le modèle standard du deuil, de Freud à aujourd’hui : un virage à 180 degrés

Il y a un siècle, en 1917 exactement, Freud écrivait son livre deuil et mélancolie. Ce livre a donné naissance à une conception du deuil qu'on va appeler le modèle standard du deuil.

Mais depuis Freud, la manière dont on comprend le deuil a évolué. Et les idées qu'on a aujourd'hui sur le deuil sont totalement opposées à celles qu'avaient Freud et les psychanalystes de l'époque.

Vous allez assister ici à un revirement à 180 degrés ! 

Le modèle standard du deuil

On pourrait résumer ce modèle standard du deuil de la façon suivante : le deuil est un processus universel, qui se déroule uniquement à l'intérieur du mental de la personne endeuillée.
Il doit conduire progressivement au désinvestissement total de la personne décédée. Cela veut dire que lorsque ce travail de deuil est terminé, tous les liens au défunt doivent être rompus.
Et la personne en deuil doit retrouver son fonctionnement d'avant le décès.

Voyons plus en détail les 9 principales croyances de ce modèle standard du deuil. Après la description de chacune de ces croyances, je vous dirai quelques mots sur la vision très différente que nous en avons aujourd'hui.

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Aidez vos enfants à ne pas être dans le déni de leurs émotions ni de la mort

Bonjour,

Les pertes et les deuils surgissent dans toutes les vies. La vôtre, comme celles de vos enfants.
Certaines pertes sont nécessaires, c’est-à-dire que chaque être humain doit y faire face : la naissance, le sevrage maternel, la mort des proches.
D'autres pertes sont liées aux circonstances de la vie : un divorce, un licenciement, une maladie, un handicap, pour n'en citer que quelques-unes.

Lorsque nous vivons une perte, que ce soit le décès d'un proche ou une perte liée aux circonstances, nous devons y faire face et nous y adapter.
Mais pourquoi certaines personnes s'adaptent-elles mieux que d'autres ?
Pourquoi certains vont traverser ces épreuves de manière sereine alors que d'autres tomberont dans des états dépressifs sévères ?

Nous avons des défenses contre la souffrance

Face à une perte, nous utilisons des défenses psychologiques, qui sont souvent inconscientes, et des moyens d'adaptation qui sont habituellement conscients et volontaires (on utilise aussi le mot anglais coping, de "to cope" qui veut dire faire face).
Parmi tous les moyens qui permettent de nous protéger face à une douleur trop importante, le déni est la première ligne de défense.

Quand nous sommes confrontés à une perte, le déni est une défense normale. Quelle que soit la perte. Il nous permet de moins souffrir en nous coupant de certaines de nos émotions. Il amortit le choc. Pour nous laisser le temps d'intégrer la perte que nous subissons.

C'est ce qui se passe lors du décès d'une personne que nous aimons. Une partie de notre esprit ne peut accepter la réalité, c’est-à-dire la mort de celui ou celle que nous aimons.

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Deuil, pandémie et confinement

pandémie et deuil

Je vais parler dans cette vidéo d'un sujet difficile mais ô combien actuel : la mort et le deuil d'un proche en période de pandémie et de confinement.

Vous savez peut-être que les obsèques ne peuvent plus se dérouler normalement, que les décès soient liés au coronavirus ou à d'autres causes.

​Car des décisions drastiques ont été prises par les autorités.

Si la personne est morte du coronavirus, on place son corps très vite dans une housse sanitaire, doublée d'une seconde housse avant de l'installer dans un cercueil qu'on ferme le plus rapidement possible.

Il est donc impossible de faire la toilette du mort ni de pratiquer le moindre soin de conservation.

La conséquence terrible pour les proches, c'est qu'ils ne peuvent ni voir le corps ni se recueillir devant lui.

Les obsèques sont quasi-inexistantes

Aucun proche ne peut toucher ni bénir le cercueil. Personne n'est autorisé à monter dans le corbillard pour accompagner le corps.

Quelle que soit la cause du décès, aucune cérémonie sociale habituelle, religieuse ou laïque, ne peut avoir lieu. Vingt personnes seulement peuvent rentrer dans l'église. Et ce chiffre comprend le personnel des services funéraires.

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L’autorégulation après la rupture d’un lien d’attachement

Surmonter une séparation ou un deuil

​Nous avons vu dans les vidéos précédentes que lorsque nous sommes attachés à une personne qui nous est chère, un processus de corégulation physiologique se met en place qui nous permet de nous sentir en sécurité.

Mais si notre figure d'attachement disparait, si elle n'est plus là pour soulager notre détresse et nous apporter du plaisir, la corégulation disparait.

Notre équilibre homéostasique est rompu et s’installe alors un processus de dérégulation.

Comment allons-nous retrouver notre sentiment de sécurité indispensable pour une vie saine ?

Il va nous falloir trouver d’autres moyens pour nous réorganiser.

L'autorégulation

Maintenant que je suis privé de ma figure d’attachement, de mon partenaire amoureux par exemple, il n’y a plus de corégulation.

Je dois retrouver mon équilibre physiologique autrement et me débrouiller sans lui. C’est ce qu’on appelle l’autorégulation.

Elle est différente puisqu’elle nous permet de réguler notre propre équilibre, alors qu’il était régulé, avant la séparation, par la relation d'attachement.

Alors comment font les gens pour affronter la disparition de la corégulation ?

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29 décembre 2019

Lorsque le lien d’attachement est rompu

Quand le lien d'attachement est rompu

​Image by Felix Brönnimann from https://teefarm.ch/tshirt-drucken/

Bonjour à tous,

On a vu dans une vidéo précédente que le fait de s’attacher à quelqu’un nous aide à nous sentir en sécurité, et que cette relation d’attachement agit directement sur notre équilibre psychologique et biologique.

C’est ce qu’on a appelé la corégulation.

Mais parfois, que ce soit au cours d’une séparation ou d’un décès, le lien d’attachement est rompu, brisé.

Cette rupture du lien provoque ce qu’on appelle une dérégulation.

Que la disparition soit temporaire, comme un voyage prolongé, ou définitive comme un décès, le résultat est le même : notre sentiment de sécurité disparait.

La réaction de stress

Quand le lien est rompu, on observe trois étapes bien distinctes.

Réaction de stress aiguë

La première étape, c’est la protestation. L’enfant ou l’adulte est inquiet et cherche activement à retrouver la personne qui a disparu.

C’est une réponse physiologique de stress aigu. Une alarme se déclenche, le corps est en état d’urgence. Le corps fabrique de l’adrénaline, de la noradrénaline et du cortisol, les fameuses « hormones du stress ». C’est la réaction « fight or flight », combattre ou fuir, qui permet aux muscles et au cœur d’être prêts pour protester contre la disparition et se mobiliser pour essayer de retrouver la personne absente.

Le cœur bat plus vite, la pression artérielle augmente, les réserves énergétiques de sucre et de graisses sont libérées pour nourrir les muscles. L’enfant s’agite, se débat, cherche, pleure. L’adulte en fait autant.

Phase de résistance

Mais si la protestation ne permet pas le retour de la personne qui manque, si le sentiment de sécurité n’est pas restauré, l’enfant ou l’adulte se replie sur lui-même. C’est le désespoir qui s’installe.

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15 décembre 2019

L’attachement entre adultes

L'attachement entre adultes


Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de l’attachement entre adultes, c’est à dire de ce qui se passe quand on s’attache à un conjoint, un parent ou à un ami très proche.

Qu’est-ce que c’est l’attachement ?

Comment se construit-il ?

Comment peut-on le comprendre sur le plan biologique ?

C’est ce que nous allons voir dans un instant.

J’aborderai dans une autre vidéo ce qui se passe quand les liens d’attachement sont rompus à l’âge adulte.

Et une troisième vidéo vous donnera des pistes pour récupérer votre équilibre après une séparation.

​A quoi ça sert de nous attacher à un autre ?

Et bien on s’attache à un autre pour quatre raisons principales :

  • Premièrement, pour rester en contact : nous recherchons alors la proximité physique avec l’autre
  • Deuxièmement, pour obtenir confort et réassurance : l’autre nous sert alors de havre de paix
  • Troisièmement, pour pouvoir explorer le monde tout en sachant que notre figure d’attachement est disponible en cas de besoin : l’autre nous sert alors de base de sécurité
  • Enfin, on s’attache pour pouvoir manifester notre inquiétude et appeler à l’aide si nous sommes séparés trop longtemps : c’est ce qu’on appelle la détresse de séparation.

L’attachement est un conditionnement

Dans les relations amoureuses, l'intimité physique et sexuelle représente le moyen le plus rapide et le plus solide pour renforcer le lien.

Le plaisir répété que vous éprouvez avec votre partenaire fonctionne comme une récompense biologique pour votre cerveau et cette récompense renforce le lien entre vous deux.

C’est ce qu’on appelle un conditionnement.

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3 novembre 2019

Présent et absent à la fois. Peut-on faire le deuil d’une perte ambiguë ?

Présent et absent à la fois

​Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, l'article ci-dessous leur est destiné !

Vous savez que toute perte donne lieu à un processus de deuil. Ce processus nous aide à nous adapter à une absence clairement reconnue et validée. Une personne est morte, j’ai perdu ma maison, mon travail ou un idéal qui comptait pour moi.

Mais il existe des pertes qui sont beaucoup moins claires.

Quel est le point commun, par exemple, entre un soldat qui ne rentre pas d’une mission, une personne disparue dans un naufrage, un enfant abandonné par sa mère biologique, une personne atteinte de démence ou d’une maladie mentale chronique, un individu accaparé exclusivement par son travail ?

Toutes ces situations font intervenir une perte particulière qu’on appelle perte ambiguë.

Ambiguë parce que la perte n’est pas claire et que rien ne permet d’affirmer qu’elle est certaine et irréversible. 

Deux grandes catégories de pertes ambiguës existent

​La première catégorie est celle des pertes physiques

Ce sont toutes les situations où la personne aimée est physiquement absente mais reste présente psychologiquement.

Personne ne peut affirmer où elle se trouve, ou personne ne peut affirmer qu’elle est réellement morte.

Par exemple les soldats disparus en mission, les personnes disparues lors de catastrophes naturelles, d’accidents d’avion ou de naufrage en mer, les disparitions inexpliquées, les migrations, les migrants, les enfants confiés à l’adoption par leur famille d’origine, les divorces, les jeunes adultes quittant le domicile, le conjoint âgé ou l’enfant confié à des institutions.

​La seconde catégorie décrit les pertes psychologiques

Ici, la personne aimée est présente physiquement mais absente psychologiquement ou indisponible émotionnellement.

Par exemple, les démences, la maladie de Parkinson avancée, les comas, les accidents cérébraux, les maladies mentales chroniques, les dépressions, l’autisme, les addictions à des produits où à internet, aux jeux vidéos, l’investissement professionnel extrême..).

Conséquences

Vous voyez que dans tous ces exemples, soit on ne sait pas si l’autre est mort ou vivant, soit on ne sait plus vraiment si l’autre est présent ou absent. Les frontières deviennent floues, la confusion apparait.

Parfois, les personnes ou les familles cumulent les pertes ambiguës, ce qui augmente la confusion et le sentiment d’abandon.

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Le travail de deuil au cours des 50 dernières années : étapes, phases, tâches, processus

émotions au cours du travail de deuil

Le travail de deuil : étapes, phases, tâches, processus

Depuis que la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a décrit en 1969 les 5 étapes du deuil, de nouvelles conceptions du travail de deuil ont vu le jour.
Aux étapes du deuil ont succédé les phases du deuil, puis les tâches du deuil, et enfin les processus du deuil.
Le deuil n’est pas une maladie mais un processus psychique adapté et consécutif à la perte, qu'il s'agisse du deuil d'un être cher ou du deuil de son animal.
Parfois, ce travail de deuil se complique, et il est important de faire la différence entre deuil et dépression.
Ce qu'on appelle depuis Freud le travail de deuil est un long tissage, «détissage» et « retissage » des liens affectifs qui reliaient la personne vivante au disparu.
L’enjeu du deuil consiste en la transformation des liens uniques qui unissaient l’endeuillé et le défunt.

Evolution du deuil en 3 phases
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Les mythes du deuil

mythes du deuil

Les mythes du deuil

Ce que j’appelle les mythes du deuil sont en fait des croyances, très largement partagées, et rarement remises en cause.
Pourtant, ces croyances sont limitantes, comme beaucoup de nos croyances. Elles risquent de devenir des obstacles à un déroulement sain du deuil.
Bien que ces croyances n’aient jamais été vérifiées empiriquement, elles continuent d’être à la base de nombreux accompagnements et interventions psychologiques proposés aux personnes en deuil.

Nous allons en aborder quelques-unes.

La souffrance du deuil diminue régulièrement avec le temps

En réalité, le temps ne soigne pas en lui-même. Certains deuils n’évoluent pas malgré le temps qui passe.​
Le temps est seulement un marqueur objectif qui témoigne que l'endeuillé parvient à survivre sans le défunt.​
C'est ce que la personne en deuil réalise durant ce temps qui compte (travail de deuil).           

Toutes les pertes produisent le même type de deuil​

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