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La trahison dans les agressions sexuelles de l’enfance

Introduction

J’ai rencontré de nombreuses personnes qui ont été victimes de ce qu’on a l’habitude d’appeler des abus sexuels. J’en profite pour vous rappeler que des associations militent pour ne plus employer l’expression bus sexuel mais celle d’agression sexuelle de l’enfance.

Mais contrairement à ce que peut évoquer ce mot, de nombreuses agressions sexuelles ont lieu sans violence, sans terreur. Et parfois même avec douceur. Et quand le corps est caressé, sans violence, la victime peut ressentir des sensations agréables qui seront sources par la suite d’une profonde culpabilité.

Ce qui m’a interrogé, c’est que ces agressions sexuelles de l’enfance ont provoqué, des années plus tard, de véritables syndromes de stress post-traumatiques, alors qu’il n’y avait eu ni violence ni terreur.

Syndrome de stress post-traumatique sans violence : un paradoxe ?

Or pour poser le diagnostic de stress post-traumatique, la victime doit avoir été exposée à la mort, à des blessures graves, ou à la violence sexuelle, donc à une expérience de peur voire de terreur, que ce soit comme victime directe ou comme témoin.

 Par exemple un accident de voiture, un viol, une agression ou un tremblement de terre.

Alors, comment comprendre ce paradoxe ? Pourquoi certaines agressions sexuelles de l’enfance, commises avec douceur et sans violence, peuvent-elles induire des années plus tard un véritable stress post-traumatique ?

La réponse, je l’ai trouvée dans ce qu’on appelle la théorie du traumatisme de la trahison, qui a été développée par une psychologue américaine qui s’appelle Jennifer Freyd.

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Honte et abus sexuels

J'ai décrit dans ma vidéo précédente les différences entre la honte et la culpabilité, même si on les retrouve souvent réunies.

Quand on se sent honteux, on se regarde à travers les yeux d'un autre qui nous juge, qui nous critique.

Mais cet autre qui nous rejette, c'est nous-mêmes !
C'est pour ça qu'on peut très bien se sentir honteux tout seul. On n'a pas forcément besoin des autres pour rougir de honte !

C'est quoi la honte ?

Les personnes qui souffrent d'une honte chronique croient qu'elles sont fondamentalement défectueuses, mauvaises, dégoûtantes, ou même diaboliques.

Elles condamnent ce qu'elles font ou ne font pas.
Elles condamnent leur apparence physique, qu'elles se jugent laides, trop grosses, ou disproportionnées.
Elles condamnent ce qu'elles ressentent, que ce soit de la colère, de la tristesse, de l'excitation sexuelle ou de la peur.

Bref, elles condamnent qui elles sont, dans leur totalité.

La honte c'est donc un sentiment d'infériorité, d'inadéquation, d'incompétence et d'impuissance. C'est ce qu'on éprouve quand on se sent abandonné, rejeté ou critiqué, que ce soit vrai ou que ce soit simplement une impression.

Et la honte provoque le silence, le repli sur soi, l'envie de disparaitre jusqu'à mourir de honte.

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Les 4 facteurs traumatiques de Finkelhor : comprendre les conséquences d’une agression sexuelle de l’enfance

Les 4 facteurs de Finkelhor

Dans une vidéo précédente, j'ai décrit les 4 facteurs traumatiques que le psychologue américain David Finkelhor appelle la sexualisation traumatique, l'impuissance, la trahison et la stigmatisation.
Ces 4 facteurs expliquent pourquoi les agressions sexuelles subies dans l'enfance provoquent si souvent des traumatismes psychologiques.

Je vais maintenant détailler un peu les principales conséquences de ces agressions sexuelles pour mieux les comprendre à la lumière de ces quatre facteurs.

La sexualisation traumatique

Ce terme désigne les perturbations des émotions et des comportements sexuels de l'enfant quand on lui impose une sexualité inadaptée à son âge et à son niveau de développement.

Des comportements sexualisés inadaptés chez l’enfant

On a souvent observé que les enfants victimes d'abus sexuels se mettaient à avoir des comportements sexualisés compulsifs, comme la masturbation ou certains jeux sexuels.

On a remarqué aussi que certains enfants ont des connaissances et s'intéressent à la sexualité d'une façon manifestement inadaptée à leur âge.
Par exemple chercher à avoir des relations sexuelles ou des relations oro-génitales avec leurs camarades de classe.

D’autres enfants vont devenir agressifs et en arrivent à agresser sexuellement des camarades ou des enfants plus jeunes.

Des inquiétudes sur leur identité

L'enfant se pose aussi des questions sur lui-même et en particulier sur son identité sexuelle.
Par exemple, un jeune garçon agressé par un homme peut se demander s'il est homosexuel.
Les filles peuvent avoir peur de ne plus être désirables et se demandent si leurs futurs partenaires seront capables de les comprendre.

Une confusion entre affection et sexualité

Les victimes ont souvent des manières de considérer le sexe et les relations sexuelles totalement faussées, qui témoignent de ce que leurs agresseurs ont pu dire et faire.

Une des confusions les plus fréquentes concerne le rôle de la sexualité dans les relations affectives.
Si l'enfant a appris à recevoir de l’affection en échange de comportements sexuels pendant un certain temps, il peut en arriver à croire que c’est une manière normale de donner et d'obtenir de l'affection.

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