Abus sexuels : Pourquoi c’est mal d’avoir des relations sexuelles avec un enfant

relations sexuelles avec un enfant

Abus sexuels, consentement et libre arbitre

2017,  en France ; un adulte ayant eu une relation sexuelle avec une mineure de 11 ans n’a pas été poursuivi pour viol.
Cette pré-adolescente n’ayant pas manifesté d’opposition, les juges en ont conclu qu'elle était consentante.
La victime doit en effet prouver qu'il y a eu violence, menace, contrainte ou surprise pour que la qualification de viol soit retenue.

Ce fait divers a fait resurgir la question importante du consentement d’un mineur à une relation sexuelle avec un adulte.
Il convient de prendre en compte deux versants : le  versant juridique et le versant psychologique.

Il y a 40 ans déjà, un psychologue américain affirmait que la principale raison pour laquelle les relations sexuelles avec un enfant devaient être condamnées résidait dans le fait qu’un enfant était dans l’incapacité de donner un consentement éclairé[1].
David Finkelhor a énormément travaillé sur les abus sexuels, et a publié de nombreux articles et livres sur ce sujet.

Je vous offre une traduction de cet article, vieux de 40 années, dans lequel il décrit ses arguments.
Je pense que ce texte pourrait déclencher quelques réactions ...
Les commentaires sont ouverts !

More...

Pour quelles raisons une relation sexuelle entre un adulte et un enfant est-elle mauvaise ?

Tout le monde est d’accord pour reconnaitre qu’une relation sexuelle entre un adulte et un enfant est mauvaise. Mais pour quelles raisons ?

Trois raisons principales sont le plus souvent évoquées pour répondre à cette question.

La première est que les relations sexuelles avec un enfant seraient intrinsèquement mauvaises.

Que ce soit d’un point de vue biologique (le vagin d’une enfant est trop petit pour recevoir le pénis d’un homme mature) ou psychologique (la simple évocation de telles relations suscite du dégoût chez la plupart des gens). D’ailleurs, presque toutes les sociétés interdisent ou régulent étroitement les contacts sexuels entre adultes et enfants.

​Cet argument est néanmoins trop catégorique. D’autres tabous sexuels, qualifiés « d’intrinsèquement mauvais », comme l’homosexualité par exemple, ont été remis en question.

La seconde raison réside dans le fait que la relation adulte – enfant entrainerait une sexualisation prématurée de l’enfant.

Comme si l’enfance était une période dénuée de toute problématique sexuelle. Or nous savons à présent que l’enfant est un être sexualisé, et que l’asexualité de l’enfant est un mythe. La plupart des enfants sont curieux quant à la sexualité, et ils l’explorent entre eux. En fait, quand les adultes protègent les enfants de la sexualité, ils font probablement plus de mal que de bien.

Le troisième argument, très répandu, affirme que la relation sexuelle adulte – enfant entraine des conséquences graves pour l’enfant, qui s’en trouve terrorisé et perturbé.

Elle serait à l’origine de difficultés sexuelles plus tard dans la vie (et d'une augmentation du risque de revictimisation). De nombreuses constatations cliniques montrent que cela est vrai, au moins dans certains cas.

​C'est probablement l'argument le plus répandu pour justifier l'interdiction de la sexualité entre adulte et enfant.

Mais il y a au moins deux raisons qui montrent que cet argument est fragile

  • D’une part, il est fondé sur des arguments empiriques et non moraux, arguments empiriques qui sont loin d’être absolument établis.
    Il est indiscutable que certains enfants sont meurtris du fait de leur rencontre sexuelle avec un adulte, et parfois sévèrement.​
    ​Mais quel en est le pourcentage ? Les comptes-rendus cliniques ne permettent pas de répondre, car de nombreux cas d'abus sexuels ne sont jamais connus des cliniciens. Il est possible qu’une majorité de ces enfants ne soient pas blessés.​
    ​Le manque de fiabilité de cet argument deviendra d’autant plus évident que le nombre de personnes affirmant avoir eu des relations sexuelles positives avec un adulte deviendra connu.​
    ​Et cela le sera puisque notre culture a maintenu l’hypothèse irréaliste que de telles relations n’existent pas.​
    ​En raison des difficultés inhérentes à la recherche empirique sur ce type de question, il faudra probablement du temps avant d’arriver à une conclusion scientifique définitive.​
    ​L’argument selon lequel la sexualité entre adultes et enfants est quelque chose de mal, uniquement sur la base empirique qu’elle blesse l’enfant, va devenir de plus en plus controversé.​


  • D’autre part, l’idée qu’une expérience puisse être préjudiciable n’est pas suffisante en elle-même pour justifier la condamnation.
    L’enseignement obligatoire, le divorce, même aller chez le médecin blessent et traumatisent un nombre important d’enfants.

    ​Notre code moral doit fermement condamner la sexualité entre un adulte et un enfant. Parallèlement au fait qu’elle puisse blesser, il est donc nécessaire d'introduire dans l'argument d'autres critères additionnels.

Le problème du consentement

En tant que société, nous nous dirigeons vers une éthique sexuelle qui autorise toute sexualité entre des personnes consentantes. Mais dans des situations où une personne ne consent pas, il faut considérer la sexualité comme illégale et taboue.

​Le viol, par exemple, est un acte clairement criminel car il manque le consentement d’une des parties. Mais de nombreux enfants ne consentent-ils pas à des actes sexuels avec des adultes ? La sexualité entre enfants et adultes pourrait souvent passer pour moins coercitive que le viol, car de nombreux enfants semblent consentir passivement, voire même coopérer.

​Si nous affirmons que la présence d'un consentement autorise la sexualité, cela ne légitime-t-il pas la sexualité enfant – adulte ?

L’argument clé est ici que les enfants, de par leur nature, sont incapables de consentir vraiment à des relations sexuelles avec des adultes.

Parce qu’ils sont enfants, ils ne peuvent consentir. Ils ne peuvent jamais consentir.

​Notre morale exigeant que ce consentement soit présent, elle ne peut approuver  les relations sexuelles entre un adulte et un enfant. Une discussion plus détaillée est nécessaire sur le sens du consentement afin de rendre cette affirmation plus significative.

Un consentement éclairé

Afin qu’un consentement réel se manifeste, deux conditions doivent prévaloir :

  • une personne doit connaître ce à quoi elle consent,
  • et elle doit être libre de dire oui ou non.

La notion de consentement éclairé dans la recherche

L'éthique dans la recherche exige maintenant qu'une personne participant à une expérimentation donne « un consentement éclairé » à sa participation. Un consentement éclairé exige que la personne comprenne vraiment ce qui peut lui arriver pendant et après l’étude. Ainsi, un chercheur doit donner une description complète des procédures de l’étude, et énoncer de manière détaillée les dangers possibles que cette participation pourrait entraîner.

Deuxièmement, le code en cours dans la recherche avec des sujets humains exige également qu'un sujet participant à une recherche ait une réelle liberté de dire oui ou non. Par exemple, la recherche effectuée sur des prisonniers ne réunit pas de telles conditions. Parce qu'ils ne sont pas libres, parce que les incitations à leur participation sont, en prison, artificiellement irrésistibles, les prisonniers n’ont pas vraiment la liberté de refuser leur participation.

La notion de consentement éclairé chez les enfants

Pour les enfants, le problème semble être totalement identique. Peuvent-ils donner un consentement éclairé à des relations sexuelles avec des adultes ? Il parait évident qu'ils ne peuvent pas.

​Premièrement, les enfants ne possèdent pas l'information nécessaire pour prendre une décision « éclairée » sur ce sujet. Ils sont ignorants en ce qui concerne la sexualité et les relations sexuelles, et la reproduction.

Plus important encore, ils ne connaissent pas la signification sociale de la sexualité. Par exemple, ils n’ont généralement pas conscience des règles et des régulations entourant l’intimité sexuelle, et ce qu'elle est censée signifier.

​Ils sont probablement mal informés et inexpérimentés en ce qui concerne les critères permettant de juger l'acceptabilité d'un partenaire sexuel. Ils ne savent probablement pas grand-chose sur « l’histoire naturelle » des relations sexuelles, le cours qu’elles suivront.

Enfin, ils ont peu de moyens de savoir comment d'autres personnes peuvent réagir à l’expérience qu'ils sont sur le point d'entreprendre, ni quelles conséquences probables elle aura sur eux dans l’avenir.

​Ils peuvent reconnaitre aimer l’adulte, que les sensations physiques sont agréables, et ils pourraient faire un choix en partant de cette base. Mais ils n'ont pas les connaissances que possède l'adulte à propos du sexe et de ce qu’ils entreprennent. Cela découle tout simplement du fait même d’être un enfant et d’être inexpérimenté.

En ce sens, un enfant ne peut pas donner un consentement éclairé à des relations sexuelles avec un adulte.

La liberté de dire oui ou non

De plus, un enfant n'a pas la liberté de dire oui ou non. C'est vrai sur le plan juridique et aussi sur le plan psychologique.

​Au sens juridique, un enfant est sous l'autorité d'un adulte et n'a pas de libre arbitre.

​Mais, sur le plan psychologique, encore plus important, les enfants ont du mal à dire non aux adultes. Les adultes contrôlent toutes sortes de ressources qui leur sont essentielles - la nourriture, l'argent, la liberté, etc. En ce sens, l'enfant est exactement comme le prisonnier qui se porte volontaire pour participer à une étude. L'enfant n'a pas la liberté nécessaire pour examiner le choix.

​Ceci est particulièrement vrai lorsque l'adulte qui propose à l’enfant (en supposant que l’adulte demande même le consentement de l'enfant, ce qui arrive rarement) est l’un de ses parents, un membre de la famille ou une autre figure importante dans la vie de l'enfant, comme c'est si souvent le cas.

​La plupart des enfants qui acceptent la proposition sexuelle de l’adulte attestent de cela. Comme l'a dit l'un de mes interviewés : « Il était mon oncle. Il m'a dit quoi faire et j’ai obéi. On m'a appris à obéir aux adultes ».

​Ainsi, un enfant ne peut pas, dans un sens moral, consentir à des relations sexuelles avec un adulte parce que l'enfant n'est pas vraiment libre de dire non.

Un argument moral lié à l'asymétrie de la relation

La proposition de base est ici que les relations sexuelles avec un enfant sont mauvaises parce que les conditions fondamentales du consentement ne peuvent pas prévaloir dans la relation entre un adulte et un enfant.

Cette proposition semble être une grande amélioration par rapport à d'autres arguments, en particulier l'argument que de tels actes sont mauvais uniquement parce qu'ils nuisent à l'enfant.

Cela met l'argument sur un plan moral, plutôt qu’empirique. Ainsi, même si quelqu'un pouvait démontrer de nombreux cas où les enfants ont apprécié de telles expériences et n'en n’ont pas été blessés, on pourrait encore arguer que c'était mal parce que les enfants ne pouvaient pas consentir.

​Le mal ici ne dépend pas de la preuve d'une conséquence préjudiciable.

Relations sexuelles entre thérapeutes et patients

Une situation analogue est celle des relations sexuelles entre thérapeutes et patients. Il peut y avoir de nombreux cas où les patients bénéficient de relations sexuelles avec leur thérapeute.

Mais l'argument selon lequel de telles relations sont mauvaises ne dépend pas du résultat bénéfique ou néfaste. Au contraire, il se trouve dans l’asymétrie fondamentale de la relation.

Je dirais qu’on ne peut pas consentir librement à avoir des relations sexuelles avec un thérapeute. La principale considération est ici que dans le contexte d'une relation thérapeutique, un patient n'est pas vraiment libre de dire oui ou non.

Même si le patient a aimé cela, un tort moral a été commis.

Le sexe enfant-adulte est moralement similaire, non seulement parce que l'enfant ne peut pas consentir librement, mais en plus parce qu’il ne peut pas donner un consentement éclairé.

Un patient adulte est probablement conscient de la signification sociale de la sexualité. Un patient peut probablement prévoir certaines conséquences des relations sexuelles avec un thérapeute. Un enfant, cependant, sera probablement non conscient de ces deux éléments, et est donc encore moins apte à consentir que ne le serait le patient.

Quelques avertissements

Malgré le fait que cet argument soit une amélioration par rapport à d'autres, on peut formuler certaines objections.

Le libre arbitre est souvent absent dans les relations sexuelles entre adultes

Tout d'abord, la définition du consentement que nous donnons ici est-elle vraiment adaptée pour déterminer le caractère légitime ou illégitime des relations sexuelles d’un adulte avec un enfant ? J'ai dit que les partenaires doivent connaître la signification et les conséquences de leur consentement et être capables de dire librement oui ou non.

Combien de rencontres sexuelles entre adultes sont-elles entièrement conformes à cette norme ? La vérité est que de nombreux adultes sont assez ignorants sur le sexe. Et beaucoup de relations adultes se produisent dans des conditions dans lesquelles un partenaire peut difficilement refuser.

​Un exemple évident de ce dernier point est le mariage. Combien de femmes sont-elles libres de refuser les avances de leur mari, surtout s'il est le seul à gagner l'argent de la famille ? Les prostituées sont-elles libres de refuser les affaires de leurs clients ? Une secrétaire est-elle libre de refuser les attentions de son patron ?

​Même si on retrouve un élément de coercition dans toutes ces situations, la seule que nous interdisons est la prostitution. Et dans ce cas, il est difficile de protéger l'intérêt de la prostituée.

Si la coercition implicite est présente dans beaucoup, sinon la plupart des rencontres sexuelles dans notre société, qu’est-ce qui rend la sexualité adulte-enfant différente ?

Les adultes ne savent souvent pas à quoi ils consentent

Deuxièmement, quel est le niveau de connaissance dans la plupart des rencontres sexuelles ?

Les adultes savent-ils vraiment ce à quoi ils consentent ? Savent-ils quelles en seront les conséquences ?

A en juger par le degré de tragédie et de douleur qui semble accompagner nombre d'activités sexuelles dans notre culture, je dirais qu’il existe une conscience très imparfaite des conséquences chez la plupart des adultes consentants.

Et la sexualité entre enfants ?

Enfin, cet argument ne constitue-t-il pas une condamnation de toute forme de sexualité chez les enfants ?

Si les enfants ne peuvent pas consentir à la sexualité parce qu'ils manquent de connaissances à ce sujet, cela n'inclut-il pas la sexualité entre enfants ?

​Bien que tout le monde ne serait pas d'accord, beaucoup, l’auteur inclus, approuvent l’expérimentation sexuelle chez les adolescents. J'approuve également le jeu sexuel entre enfants prépubères.

​Mais ceux-ci n'ont pas une très bonne compréhension de ce dans quoi ils s'impliquent.

Si le manque de connaissances rend mauvaise une relation sexuelle adulte – enfant, ne rend-il pas tout aussi mauvaise la relation sexuelle entre enfants ?

Quand l'ignorance des enfants s'associe à leur absence de pouvoir

La différence cruciale dans la relation adulte-enfant est la combinaison de l'ignorance des enfants et de leur manque de pouvoir.

Les enfants, dans les relations avec les adultes, savent peu de choses et sont incapables de dire non. En revanche, dans leurs relations avec leurs pairs, même s'ils savent peu de choses, au moins il n'y a pas d’écart de pouvoir.

Alors que les relations entre les adultes impliquent souvent une coercition subtile, les adultes ont une plus grande connaissance sur les significations sociales de la sexualité. Ou au moins ils ont accès à cette connaissance.

Ainsi, les expériences entre enfants et celles entre adultes ne sont pas moralement suspectes car le niveau de conscience est sensiblement équivalent. C'est lorsque la capacité à comprendre la situation est intrinsèquement inégale, et aggravée par une importante différence de pouvoir, que nous fixons la limite.

Conclusion

On présente souvent le fait empirique que la sexualité avec les adultes cause souvent des dommages aux enfants comme l’argument le plus convaincant contre un tel comportement.
Cet article a montré qu’un argument éthique plus fort existe contre un tel comportement : les enfants sont dans l'incapacité de donner un vrai consentement à la sexualité avec un adulte.
​Une telle distinction peut sembler de peu d’intérêt théorique face à ce comportement. Beaucoup de personnes travaillant avec des enfants victimes d’abus sexuels pourraient avoir du mal à voir sa pertinence. Ils sont déjà convaincus que l'abus sexuel est mauvais.
Il y a cependant deux raisons importantes qui justifient cette précision éthique sur cette question.

La première raison est de pouvoir expliquer de manière convaincante aux victimes et aux auteurs d’abus sexuels pour quelles raisons on intervient autant dans leur vie privée.
Les adultes qui profitent sexuellement des enfants donnent des justifications bien connues et refusent avec opiniâtreté d'admettre un acte répréhensible. "Je n'ai causé aucun mal", disent-ils souvent.
​Bien que l'argument soit peu susceptible de les convaincre, eux et leurs victimes peuvent bénéficier à long terme d’une confrontation claire à la question morale en cause.

Deuxièmement, la précision éthique sur cette question est importante pour le bénéfice de la société dans son ensemble.
En Amérique aujourd'hui, l’éthique sexuelle est de plus en plus confuse. On a écarté les tabous mais on n'a pas exprimé clairement les nouvelles normes pour remplacer les anciennes.
​Un sentiment de polarisation existe ; beaucoup de gens ont l'impression que l'on est soit largement en faveur de l'expression sexuelle soit largement opposé.
​La confusion morale à propos du sexe est en partie responsable de l'apparition des abus sexuels. En effet, certaines personnes interprètent la révolution sexuelle actuelle comme un encouragement selon lequel « tout est permis ».

​Mais l'inquiétude concernant les abus sexuels des enfants ne fait pas partie d'une résurgence victorienne. Elle est compatible avec l’attitude la plus progressiste envers la sexualité actuellement exprimée. Cette position exige que le consentement soit la seule norme permettant d'évaluer la légitimité des actes sexuels.

​Une précision éthique peut aider la société à se diriger vers une perspective plus cohérente sur les questions sexuelles. Et elle peut servir à combattre au moins une source importante d'abus sexuels.  

Bibliographie

  1. Finkelhor, David. What's wrong with sex between adults and children? Ethics and the problem of sexual abuse. American Journal of Orthopsychiatry, Vol 49(4), Oct 1979, 692-697. http://dx.doi.org/10.1111/j.1939-0025.1979.tb02654.x

    Francois Louboff

  • […] ce qui n’est pas toujours le cas chez les personnes ayant un attachement insécure (victimes d'abus sexuels répétés ou d'autres formes de maltraitances graves dans l’enfance par exemple). Cette levée […]

  • Olivia dit :

    Ce qu’il y a à prendre en compte, dans cette histoire, c’est la désensibilisation massive à la sexualité qui s’est opérée dans notre société, que ce soit à l’école, à travers les programmes de « prévention », à la télévision, à la radio ou dans les films, sous couvert de quête de « liberté », on a rendu l’acte sexuel banal, autant pour les majeurs que pour les mineurs.
    Rien que cette désensibilisation remet en cause la possibilité d’un consentement « libre et éclairé » car il y a influence sur des mineurs et perte pour eux de repères, de ce qui se fait ou non. Sous prétexte de les informer, on réalise en réalité des effractions dans leur intimité et on leur suggère que tout cela est normal et possible.
    On me dira que c’est pour les « informer » mais si on voulait réellement les informer, alors, on leur parlerait aussi de l’autre volet, à savoir, de toutes les techniques qu’emploient les pédophiles et les proxénètes pour exploiter sexuellement les mineurs (child grooming) et de l’existence de réseaux.
    Au final, on ne leur présente l’acte sexuel que comme un acte de liberté, en sachant qu’en plus ils pourront prendre des contraceptifs pour rester « maitres » de leurs corps. Et la liberté est évidemment attirante pour un adolescent… Ce qui pourra aussi le conduire à la rechercher à travers ce genre de comportement.
    Il y a tout à revoir en matière d’information et de prévention, l’Etat ne devrait pas s’en mêler, tenir un discours portant sur des actes sexuels devant
    30 mineurs c’est déjà faire preuve d’un manque de respect vis à vis de leur propre personne, de leur propre rythme, de leur propre intimité.

  • Clément dit :

    Cet article évoque « la liberté de dire oui ou non » comme fondement d’un consentement éclairé. La sidération et la dissociation sont des entraves majeures à cette liberté. Pourrez-vous un jour écrire un article à ce propos ?
    Concernant la sexualité entre enfants, l’auteur de cet article ignore-t-il que certains enfants peuvent également, comme des adultes, exercer un pouvoir et une emprise sur d’autres ?

    • François dit :

      Merci Clément pour ces remarques pertinentes. Mais je pense que l’auteur a voulu se placer délibérément sur un plan moral et non psychopathologique. Il n’ignore pas bien entendu ces aspects cliniques. Son intention était d’apporter un argument incontournable, qui a lui seul, suffit pour condamner les relations sexuelles entre un adulte et un enfant.

  • >